Etude des phénomènes d’invasion

La lutte contre les espèces invasives, un enjeu majeur de biodiversité.

Le Parc national de Port-Cros a initié, en février 2010, en partenariat et sous la responsabilité scientifique de l’IMBE, un programme décennal de restauration écologique de la réserve intégrale de l’île de Bagaud (59 ha) (Passetti et al. 2012a).   

Pour ce programme, Naturalia-Environnement participe à :

  • Proposer un parcours professionnalisant au doctorant;
  • Contribuer à la valorisation de l’ensemble des données récoltées depuis 2009 dans le cadre du projet de restauration de la réserve intégrale de Bagaud;
  • Acquérir des connaissances sur l’analyse avancée de données multi-groupes (faune / flore) et sur la gestion des espèces invasives et opération de restauration en lien avec ces espèces;
  • Piloter le développement d’outils d’expertises naturalistes utiles dans d’autres contextes et à d’autres échelles.

 Contexte global

Les espèces végétales et animales invasives fragilisent la biodiversité en place. L’éradication d’espèces invasives est un sujet régulièrement abordé par Naturalia-Environnement dans le cadre de la réalisation des chantiers (mesures techniques de lutte contre les espèces invasives) et dans le cadre du suivi des mesures de compensation notamment lors de la restauration (renaturation, revégétalisation, déplacement de station, etc.).

 

Contexte de l’étude

Le bassin méditerranéen, avec des concentrations exceptionnelles d’espèces endémiques menacées par l’activité humaine, est un hotspot de biodiversité  (Médail and Quézel 1997; Myers et al. 2000). Les systèmes insulaires qu’il héberge forment des ensembles de grand intérêt biologique de part une faune et une flore originales tant sur le plan de la composition spécifique que de leur fonctionnement. Elles sont peu diversifiées au regard des écosystèmes continentaux et les réseaux trophiques y sont simplifiés, mais elles abritent un nombre important d’espèces endémiques (Berglund et al. 2009). Ces caractéristiques en font de très bons laboratoires à ciel ouvert pour étudier les impacts des changements globaux, dont les invasions biologiques sont un composant majeur. Une espèce invasive est définie comme une espèce présente en dehors de son aire de répartition naturelle, qui s’y maintient, s’y reproduit et a une forte croissance démographique (Richardson et al. 2000). Les écosystèmes insulaires, de par leurs caractéristiques intrinsèques, sont particulièrement vulnérables aux invasions biologiques (Sax and Gaines 2008; Berglund et al. 2009) et sont les meilleurs révélateurs des impacts de ces dernières.

Les objectifs du programme :

  • Eliminer les Griffes de sorcière et le Rat noir qui mettent en péril le patrimoine biologique de cette île, soustraite à la plupart des impacts anthropiques directs grâce à son statut de protection ;
  • Acquérir des données originales, fondamentales et appliquées, sur un thème d’actualité, la restauration écologique des systèmes insulaires méditerranéens, grâce à des suivis scientifiques détaillés de plusieurs groupes taxonomiques (flore, oiseaux nicheurs terrestres, oiseaux nicheurs marins, reptiles, arthropodes épigés, arthropodes endogés et insectes volants).

Objectif – Résultats attendus

La synthèse du programme décennal Bagaud permettra le développement de nouveaux outils d’expertises naturalistes en lien étroit avec les besoins de Naturalia Environnement, permettant de renforcer les méthodes d’inventaires et de capitaliser les données produites. Un rendu sous forme de fiches techniques ciblant les espèces ayant des traits indicateurs de changement (« espèces bio-indicatrices ») permettra d’élaborer des protocoles standardisés de suivi multi-taxons. Ces protocoles reproductibles au moindre coût faciliteront les suivis de l’entreprise.

Ce projet d’étude est particulièrement novateur puisque rares sont les programmes de restauration prévoyant une opération d’éradication simultanée des Griffes de sorcière et du Rat noir et un suivi scientifique sur le moyen terme (10 ans minimum).

Partenaires

La thèse fait suite à sept années de travail en collaboration avec de nombreux partenaires (DREAM, Reptil’Var, Naturoscope, Domaine du Rayol, Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres,  Initiative PIM CELRL, Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles, INRA de Rennes) et s’appuie :

  •  Sur des études préliminaires à l’éradication effectuées de 2009 à 2011 (Passetti et al. 2012a; Chenot et al. 2014) ;
  •  L’éradication des espèces invasives entre 2011 et 2012 (Ruffino et al. 2015) ;
  •  La collecte des données post-éradication entre 2013 et 2015 (Braschi et al. 2015; Krebs et al. 2015a, b).

Rappel sur la règlementation, les directives nationales et les objectifs européens

Tant au niveau national qu’européen, les politiques et réglementations favorisent le développement de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (Règlement européen n ° 1143/2014 relatif aux EEE) et la mise en place d’opérations de restauration écologique :

La stratégie européenne pour la biodiversité 2020, qui est un engagement à assurer la restauration d’au moins 15% des écosystèmes dégradés d’ici à 2020;

  •  La Directive Habitats dont l’objectif d’état de conservation favorable nécessite l’utilisation de la restauration écologique;
  •  La Directive Cadre sur l’Eau aux objectifs contraignants en termes de qualité de l’eau qui ne peuvent être atteints sans une restauration de la qualité de milieux humides et des services écosystémiques qui y sont associés;
  •  La loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature qui évoque notamment déjà les principes de compensation et de la séquence « Eviter, Réduire, Compenser »;
  •  La loi sur la Responsabilité Environnementale;
  •  Le Grenelle de l’environnement et le développement d’un réseau de « trames vertes et bleues » grâce à la restauration écologique etc.